Les marques du luso-tropicalisme dans les interventions du président de la République portugaise (2016-2021)

Published by André Rocha on

Le luso-tropicalisme est un modèle social conçu par le Brésilien Gilberto Freyre, qui
différencie la colonisation portugaise de celle des autres empires européens en étant,
prétendument, plus “bénigne”. Elle s’appuyait sur des présupposés historiques, sur la
tradition et sur le prétendu “caractère des Portugais”, à travers des lieux communs,
servant de support scientifique, à travers la “mystique luso-chrétienne de l’intégration”
(Freyre, 1953; 1961), pour le développement de la politique de l’Estado Novo (régime
politique dictatorial, autoritaire, autocratique et corporatiste de l’État qui a fonctionné
au Portugal pendant 41 ans ininterrompus, de l’approbation de la Constitution
portugaise en 1933 jusqu’à son renversement par la Révolution du 25 avril 1974),
s’assumant comme un pilier de la prétendue “manière particulière portugaise d’être au
monde” (Castelo, 2011).
L’adoption du luso-tropicalisme par l’Estado Novo a servi à justifier sa rhétorique à
l’égard des territoires d’outre-mer de l’époque. D’abord, en tant que colonies et, déjà
dans les années 1950, appelées provinces. Une dynamique tendant à souligner le
slogan alors en vigueur, “Le Portugal n’est pas un petit pays”, en plus de marquer une
position auprès des Nations Unies, en ce sens que les mouvements indépendantistes
qui ont émergé dans les “provinces d’outre-mer” ont vu leur prétention à
l’autodétermination infaisable, puisqu’ils appartenaient au Portugal, à travers leur
“destin historique”.
C’est d’ailleurs à cette période (années cinquante et soixante du XXe siècle) que le
concept de “Portugalité” a été inventé, dans une stratégie visant à combattre,
exactement, les mouvements indépendantistes qui ont émergé dans les anciennes
colonies, à défendre l’appartenance de ces territoires à des Le Portugal. Ce fait serait
souligné dans le discours politique de la “Portugalalité”, avec l’hypothèse du Portugal,
en tant que pays unique et indivisible, à travers le slogan susmentionné: “Le Portugal
du Minho au Timor” (Sousa, 2017).
Le luso-tropicalisme sert aujourd’hui à incarner le mythe de la tolérance raciale des
Portugais et même un prétendu nationalisme intégrateur et universaliste. Cela se voit
dans le discours politique, comme dans le cas de l’actuel président de la République
portugaise, Marcelo Rebelo de Sousa, lors de son premier mandat (2016-2021). Leurs
interventions sont cartographiées dans cette communication à travers une
méthodologie composite, basée sur un échantillonnage non probabiliste, avec une
certaine analyse de contenu ayant également été utilisée. Il corrobore l’idée défendue
par Cláudia Castelo (2011), selon laquelle étudier la réception du luso-tropicalisme au
Portugal permet de comprendre comment les idées de Gilberto Freyre résonnent
encore dans le discours politique actuel, ce qui se passe dans le cas de l’actuel chef de
l’État portugais, et le risque actuel, selon l’historien, réside dans le fait que le concept
continue à être utilisé de manière non critique et immobiliste.

by: Vítor de Sousa

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